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Les NFT : la nouvelle ruée vers l’or ?

  • Découvertes
  • 26 Décembre 2021
  • 10 min

Une nouvelle année se profile mais eux sont toujours au cœur de l’actualité : les NFT, le nouvel or numérique que tout le monde s’arrache.

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L’abréviation NFT désigne les “non-fungible tokens” littéralement les jetons non fongibles. Késako ? on vous explique tout !

fongible : adj, Se dit des choses qui peuvent être remplacées par une chose analogue 

Les NFT sont des certificats, des cartes d’identité numériques en quelques sortes, attestant de l’authenticité d’une l’œuvre. 

Le concept vous semble encore flou ? C’est normal, on continue : 

Beeple, un artiste américain, a vendu aux enchères une photo au format numérique (Everyday: the first five thousand days) pour la modique somme de 69 millions de dollars ! 

Pourtant la photo est accessible et téléchargeable par tous sur le net, à l’inverse d’une œuvre d’art traditionnelle, conservée dans un musée par exemple. Mais alors pourquoi un tel engouement ? 

Car la photo a été vendue avec son NFT, ce dernier garantissant à l’acheteur qu’il s’agit bien de l’œuvre originale et non pas d’une copie, comme dans cet article. 

art numérique NFT :  Everyday : the first five thousand days, Beeple
Everyday : the first five thousand days, Beeple
La publication de cette photo fait-elle de nous des escrocs ?

Ce certificat numérique représente en quelque sorte la carte d’identité de l’œuvre en question : il prouve son authenticité mais indique également qui l’a vendue, qui l’a achetée, à quel moment et pour quelle somme. 

« just setting up my twttr » : pourquoi c’est important ?

Car ces jetons ont fait exploser de nombreux marchés (dont celui de l’art).

À terme, ce sont l’ensemble de nos habitudes de consommation qui risquent d’être bouleversées par les NFT. En effet, les fameux jetons ne concernent pas que les objets d’art : le tout premier tweet de l’histoire, signé Jack Dorsey (PDG de la plateforme), a été vendu 2,9 millions de dollars sous la forme d’un NFT… 

Le 21 mars 2006, Jack Dorsey tweet pour la première fois.

Dès 1970 le sociologue français Jean Baudrillard évoquait l’évolution de notre rapport aux choses :  plus qu’un moyen de satisfaire nos besoins personnels, la consommation était devenue au fil des âges un élément structurant de nos relations sociales, un moyen d’exister en se différenciant des hommes et des femmes qui nous entourent. 

50 ans plus tard, l’engouement autour de cette technologie (qui est loin d’être nouvelle) pousse le constat du sociologue à son paroxysme : on achète de la reconnaissance sociale via l’acquisition d’un bien qui n’existe même pas et dont on ne pourra tirer aucune autre satisfaction que celle de le posséder.

Les détracteurs des NFT évoquent également l’impact écologique des précieux jetons, dont l’existence repose sur une technologie complexe très énergivore, la blockchain

Il s’agit d’un système de stockage de données extrêmement sécurisé – reposant sur des opérations complexes nécessitant des ordinateurs surpuissants – consommant de ce fait énormément d’énergie. 

Vers une démocratisation du marché de l’art ?

Aujourd’hui, les NFT offrent à tous l’accès à un marché de l’art moins saturé (pour l’instant !) et donc plus facilement abordable pour les artistes ayant du mal à monétiser leur travail. 

D’un point de vue financier, ce nouveau canal de vente s’avère plutôt intéressant pour les individus bénéficiant d’ores et déjà d’un petit réseau d’acheteurs. Outre le cachet initial empoché lors de la première vente de l’œuvre, le créateur original d’un NFT peut continuer à percevoir une commission à chaque fois que le jeton sera vendu d’un collectionneur à l’autre.  

Malheureusement, il est relativement difficile d’acquérir des NFT. L’acheteur potentiel doit posséder un wallet, un portefeuille de cryptomonnaie en ligne, y injecter ladite cryptomonnaie, puis se connecter à un site de vente de NFT… Des actions complexes pour les noms initiés !

Ce processus reste souvent trop compliqué pour les collectionneurs habitués aux ventes aux enchères ou en galerie, tandis qu’il découragera sans doute l’individu lambda d’acquérir sa première œuvre d’art. 

Finalement et au-delà des difficultés logistiques, cette technologie nouvelle répond aux ambitions de tous les collectionneurs, du philatéliste du dimanche à l’esthète adepte de “la crypto” : posséder quelque chose de rare et, en l’occurrence, quelque chose d’unique. 

Vous l’aurez compris, les NFT divisent autant qu’ils emballent… Transformation profonde du marché de l’art ou simple bulle spéculative ?

Une chose est sûre, les NFTs introduisent la rareté dans le monde digital :  nous ne pouvons que nous réjouir de l’impact positif qu’aura cet engouement sur le développement de l’art numérique, rendant ce dernier de plus en plus attractif ! 

Pascal Boyart et Trevor Jones

Pascal Boyart alias PBOY

Le street art est par définition éphémère mais c’est avec brio que l’artiste PBOY a contourné cette fatalité en utilisant les NFT pour rendre ses œuvres éternelles. 

Son défi ? “Associer une œuvre d’art physique à un objet de collection numérique.

Et c’est un pari gagné pour l’artiste qui tokenize sa première œuvre à l’été 2019, une fresque visible et réalisée à Paris. 

Mais PBOY ne s’arrête pas là et y appose même un QR code permettant aux passants de le soutenir sans intermédiaire, via un don… En Bitcoin ! Ce procédé est d’ailleurs utilisé depuis 2017 par l’artiste.

© Pascal Boyart, Papa, c’est quoi l’argent ?

Trevor Jones 

D’un style académique à l’art digital il n’y a qu’un pas, comme le prouve le parcours de l’écossais Trevor Jones. 

Issu d’une d’une prestigieuse école d’art en 2008 (la Edinburgh College of Art) , l’artiste a construit son identité autour de l’imagerie religieuse classique et des codes du cubistes auxquels il a peu à peu intégré l’univers de la cryptomonnaie. 

Ce dernier élément est aujourd’hui l’ADN de son œuvre. 

Bitcoin Angel, son œuvre la plus représentative, est inspirée de l’Extase de Sainte-Thérèse. L’artiste a remplacé la lumière divine descendant du ciel par un gigantesque Bitcoin.

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